Nous nous sommes mis dans la peau des visiteurs du Musée de l’imprimerie typographique le temps d’une visite guidée d’environ 2h. Isabelle Goudier, pour qui l’imprimerie est une histoire de famille, nous a présenté tous les métiers de la composition et de l’impression typographique, avec du matériel datant du début du XIXe siècle. Fondé par Charles Corlet en 2012, ce musée est situé dans le hall d’accueil de Corlet Numérique à Condé-sur-Noireau.
Casses typographiques – OTPV Isabelle Goudier – OTPV
Que présentez-vous au sein du musée ?
La visite commence par les casses qui datent de Gutenberg. Les casses sont des casiers en bois qui contiennent l’ensemble des caractères en plomb avec lesquels le typographe compose. Elles sont classées par lettres et par polices. Les lignes de caractères sont assemblées et déposées au sein de la galée, un plateau en métal d’une taille légèrement supérieure à celle d’une page de livre ou de journal. Une fois que la mise en page est réalisée, nous faisons une épreuve main qui sera lue et corrigée si besoin. Le texte est déposé dans un châssis qui sera donné à l’imprimeur pour être imprimé sur une machine. Une fois que cette chaîne est présentée, je termine par présenter la linotype. C’est avec cette machine que nous faisions les journaux autrefois. Les visiteurs découvrent également des presses à bras et à pédale, ces dispositifs sont destinés à imprimer des textes et des illustrations. Pour terminer la visite, je présente l’exposition temporaire “Moments d’Histoire à la Une”. Elle présente 100 unes de journaux.
Le musée se trouve dans le bâtiment de l’entreprise Corlet Numérique ?
Ce bâtiment, exclusivement réservé au numérique, a ouvert ses portes en 2009. Comme l’accueil était très grand, nous avons décidé d’y installer le Musée de l’imprimerie typographique. Corlet Numérique est une filière de Corlet Imprimeur qui existe, quant à lui, depuis 60 ans. Chez Corlet imprimeur, ce sont des rotatives, des machines offset réservées pour les grands tirages. Du côté de Corlet Numérique, ce sont les dernières technologies du numérique, les machines servent à faire des petits tirages ou des livres à l’unité par exemple. Ainsi, ce sont deux sites distincts.
Pouvez-vous m’en dire plus sur votre nouvelle machine : une presse à bras des Etats-Unis datant de 1823 ? La presse à bras sert à faire des grandes affiches. Comme il n’y a aucun danger, nous encrons la machine pour les visites de groupe, les visiteurs réalisent et repartent avec leurs propres affiches. Nous personnalisons l’affiche pour chaque groupe avec la date de la visite et l’endroit d’où vient le groupe.
Quelle est votre machine préférée ici ?
La linotype, parce que mon papa travaillait dessus dans les années 1960. Jusqu’aux années 1980, il faisait le journal sur cette machine. La Linotype c’est une fondeuse de plomb, elle fabrique des lignes bloc, c’est-à-dire qu’elle fabrique toutes les lignes de journaux. Lorsque nous tapons sur le clavier, un magasin rempli de matrices qui forment des lignes. Nous avons un magasin de plomb à 330 degrés qui va entrer en contact avec le moule des matrices pour graver la ligne de plomb.
Pouvez-vous m’en dire plus sur l’exposition « Moments d’Histoire à la une » ?
Bernard Defossez, un ancien journaliste et ami de Charles Corlet s’est pris de passion pour toutes les unes de journaux et a commencé à les collectionner. Il en avait environ 500-600 et nous en a prêté 100 pour le musée. Ca commence de Napoléon en 1809 jusqu’à nos jours, nous avons 100 ans d’histoire. Par exemple, nous avons “Silence on coule”, “On a marché sur la lune”, la mort de Lady Diana…
Retrouvez l’interview d’Isabelle Goudier
Musée de l’Imprimerie Typographique – Visite libre et visite guidée sur demande, 2,5€ pour les adultes et 1€ pour les enfants (à partir de 6-7 ans), du lundi au vendredi de 14h à 17h (fermé au mois d’août), Corlet Numéric, Rue des Léopards, ZA Charles Tellier, Condé-sur-Noireau, 14110 Condé-en-Normandie – 02 31 59 20 67 – Sur rendez-vous pour les groupes, des professionnels viennent expliquer les machines et leur utilisation (40-50 personnes)