Autrefois, le mystère régissait le quotidien de nos ancêtres. Chaque fête était marquée par des rites mystérieux et de nombreuses légendes se sont transmises oralement, de génération en génération. Voici quelques-unes des histoires et lieux qui ont marqué notre région.
La Pierre Dialan à Jurques
Situé à proximité du Zoo de Jurques, ce monolithe de plusieurs tonnes a été classé comme dolmen au titre des Monuments Historiques en 1889. Il s’agit peut-être d’une erreur car nous ne savons pas si cette roche fut un monument druidique. Ce lieu est accessible tous les jours à une centaine de mètres à pied de l’aire de la Pierre Dialan, au lieu-dit La Carrière.
La légende : On raconte que les grands-mères se rendaient à la pierre Dialan pour que leurs petits-fils obtiennent un bon numéro lors du tirage au sort de la conscription pour le service militaire. Également appelée « Pierre de Gargantua », elle doit ce surnom au célèbre géant de Rabelais, très populaire en Normandie. La légende raconte qu’après une journée de fauchage, Gargantua lança la pierre du haut de la côte, et celle-ci se retrouva plantée là, telle qu’on la voit aujourd’hui.
crédit photo : L. Mach
La Fontaine Saint-Célerin à Roucamps
Située à côté de la chapelle Saint-Célerin, édifiée au 19e siècle, se trouve une source ferrugineuse vénérée par les habitants depuis l’époque gallo-romaine. Le village de Roucamps tire son nom de « champ rouge », en référence à la forte teneur en fer de son sol. La chapelle et la fontaine sont accessibles toute l’année.
La légende : Selon la croyance locale, Guillaume le Conquérant, alors Duc de Normandie, aurait puni le Baron Grimoult, qui s’était rebellé contre lui, en l’écorchant près de la fontaine. En lavant ses mains ensanglantées dans l’eau, Guillaume aurait fait tomber son couteau, teintant l’eau de la fontaine de rouge. Cette eau est aussi réputée pour ses vertus curatives : elle soignerait les maladies de la peau et des yeux.
La forêt de Saint-Sever
Dans la forêt, près de l’étang du « Vieux Château », se dresse une motte castrale du 11e siècle. Richard Goz, petit-fils du viking Anfroi le Danois, y fit bâtir une tour en bois fortifiée.
La légende : des animaux mystiques protégeaient une fontaine miraculeuse, visible dans un pré à quelques mètres de la motte. L’eau guérissait les maladies des yeux. Les femmes y emmenaient leurs enfants qui avaient des difficultés à marcher.
Bien avant, Sever vécut dans cette forêt. Confié à un seigneur païen, il devint berger avant de convertir son maître. Devenu ermite, puis évêque d’Avranches, il fonda une chapelle dédiée à la Vierge Marie, à l’emplacement actuel de l’abbatiale de Saint-Sever.
Ses reliques, vénérées par les pèlerins, furent volées au 10e siècle sous le règne du duc Richard Ier. Transportées à Rouen, elles donnèrent leur nom au quartier Saint-Sever.
crédit photo : L. Mach
Un poltergeist au Château des Noyers (propriété privée)
Le terme allemand poltergeist est apparu au 16e siècle, désigne un phénomène paranormal : bruits inexpliqués, déplacements d’objets et apparitions. Considérés autrefois comme démoniaques, ces phénomènes ont fasciné scientifiques, écrivains et cinéastes.
À 500 mètres du bourg du Tourneur, un château en ruines intrigue. Érigé en 1835, il est aujourd’hui à l’abandon : toiture effondrée, volets brisés, végétation envahissante. Une atmosphère oppressante y règne, alimentant les légendes.
Tout commence avec la famille Lescaudey de Manneville, qui s’y installe en 1867. Portes qui claquent, bruits de pas, objets déplacés… Les phénomènes durent des années et sont consignés dans des journaux intimes. Un exorcisme est tenté en 1876, sans succès. Le château est alors vendu à un franc-maçon, suspecté de rituels occultes. En 1984, un incendie le ravage. En 2015, le GREPP enquête et explique certains phénomènes, comme une silhouette due à un effet d’optique. Mais d’étranges voix enregistrées restent inexpliquées… Aujourd’hui encore, le château garde jalousement ses secrets.
crédit photo : S. Jambin
La Chapelle Saint-Clair à Banneville-sur-Ajon
Niché au cœur d’une prairie, cet édifice gothique du 13e siècle est classée Monument Historique depuis 1930. Bien que fermé au public, ce lieu ouvre ses portes lors de certains événements entre avril et octobre (consultez l’agenda pour plus d’informations).
Le saviez-vous ? Du Moyen-Âge jusqu’au 19e siècle, une “louée des domestiques” se tenait chaque année près de la chapelle lors de la Saint-Clair. Cet événement permettait aux domestiques et servantes de trouver de nouveaux employeurs pour l’année.
Ne soyez pas surpris de trouver des œufs à l’entrée de cette chapelle. La tradition veut que ce geste attire le beau temps lors d’événements spéciaux.
crédit photo : OTPV
La Grotte de Bion à Sainte-Marie-Outre-l’Eau
L’histoire de ce lieu de pèlerinage remonte vers 1830 lorsque deux ouvriers de Pont-Farcy placent une statuette de la Vierge dans le creux d’un vieux chêne au lieu-dit Bion. Après la chute de l’arbre, une grotte est construite en 1932, sur le modèle de celle de Lourdes, afin d’abriter cette statue. Celle-ci est détruite, reconstruite puis consacrée en 1937 devant 3 000 fidèles. Une chapelle est érigée au-dessus de la grotte en 1946. Le pèlerinage se fait à l’Assomption, le 15 août. Ce lieu pour le moins surprenant est ouvert tous les jours.
crédit photo : L. Mach
Crypte du Mesnil-Clinchamps
Dans le bourg du Mesnil-Clinchamps, au sud de Vire, l’église Saint-Martin mérite une visite. Construite entre le 12e et le 13e siècle, puis agrandie au 17e, celle-ci abrite une crypte unique dans la région : la Chapelle de la Résurrection. Datant également du 12e siècle, elle fut creusée par le Seigneur de Clinchamps, Louis de Gouvets, pour inhumer sa famille. Elle est cruciforme, voûtée en arête et éclairée par une ouverture circulaire au centre. Le sol en terre battue renforce l’authenticité de ce lieu chargé d’histoire. L’église elle-même est un véritable joyau à découvrir. Son dallage en pierres tombales, ses œuvres inscrites aux Monuments Historiques, dont deux tableaux de Mauduit de Vire, ses stalles du 17e siècle et sa superbe chaire en chêne sculpté captiveront les amateurs d’art et de patrimoine.
Le saviez-vous ? L’accès à la crypte se fait par un escalier où la onzième marche est en réalité une ancienne pierre tombale datant du 12e ou 13e siècle. Une touche d’histoire sous vos pieds.
crédit photo : A. Lemière