Revivez le 7 juin 1944 avec Matthieu, notre guide conférencier. Ce matin-là, Peter Roper, un pilote de chasse britannique de 21 ans, s’envole de la base aérienne de Thorney Island dans le West Sussex en direction du Calvados. Il est loin d’imaginer que son avion prendra feu et qu’il sautera de son appareil pour atterrir à Mont-en-Bessin.  

Il n’est pas actif le jour du débarquement mais le lendemain. Il est désigné avec d’autres pilotes pour une mission à l’est du Calvados en soutien à la tête de pont alliée mais la matinée n’est pas concluante. L’escadron ne croise aucun char ni aucun avion ennemi. Il faut préciser que les alliés ont à ce moment-là, la pleine maitrise du ciel. Peter Roper revient à sa base, déçu. En fin de journée, il repart avec ses coéquipiers, sans l’accord de sa hiérarchie, cette fois-ci à l’ouest de la tête de pont britannique. Le but est de détruire des convois et véhicules ennemis du coté de Vire et Caen. Les avions partent vers 21h.

Peter Roper, en survolant Villers-Bocage, aperçoit un char allemand bouger. Il fait demi-tour pour l’attaquer mais son avion est touché par un obus anti-aérien. C’est arrivé si vite qu’il n’a pas eu le temps de transmettre sa position par radio. Son avion est en feu, sa jambe gauche blessée. Peter saute de son appareil, son parachute s’ouvre. Il n’est qu’à 200 pieds du sol (60 mètres). Une fois au sol il se fabrique un garrot à l’aide d’un foulard et d’un stylo.

Un fermier vient à sa rencontre et lui donne à boire… du Calvados. Il s’agit d’un fermier travaillant pour le baron Clément d’Huard, propriétaire du Château du Haut Fecq à Mont-en-Bessin. Interrogé par un lieutenant SS, Roper lui répond qu’il souhaite discuter avec un homme du même grade que lui, c’est-à-dire un capitaine. L’officier allemand repart énervé, Roper à certainement échappé à une exécution.

Peter est transporté chez le docteur Dary à Villers-Bocage, dans une vachère, pour recevoir les premiers soins. Une fois soigné, il est accueilli au Château du Haut Fecq, sur la commune de Mont-en-Bessin par la famille d’Huart. Sa chambre est surveillée par un soldat allemand. Il est ensuite envoyé dans un hôpital pour prisonniers de guerre d’abord à Aunay-sur-Odon puis à Bagnoles-de-L’orne. Grâce à l’avancée des alliés, il est libéré le 4 août puis transféré en Angleterre, où il suit une rééducation.

Une fois soigné, Peter Roper, reprend du service jusqu’à la fin de la guerre, il va notamment combattre en Hollande. En 1951, il obtient son diplôme de médecine à l’université de Glasgow. En 1953, il participa à la guerre en Corée, cette fois-ci en tant que médecin dans l’aéronautique. Il fit de la psychiatrie, sa spécialité d’abord en Angleterre puis à partir de 1959 à Montréal. Il obtient cette même année la nationalité canadienne. Passionné par son métier, il n’a pris sa retraite qu’à l’âge de 93 ans. Il est décédé le 11 août 2017, à 97 ans.

Article publié le mercredi 18 mai 2022